lundi 21 décembre 2009

Modest Mouse - The Moon & Antartica





Cette chronique a été écrite par Manu (avant la publication de la review de Good News...!)
Manu est le co-fondateur de Listen2Fight, et est également aux commandes du blog The Good Times Are Killing Me (preuve qu'il est fan de Modest Mouse ;-)

Isaac Brock a vu dieu. Il a tout compris mais ne parviendra probablement jamais à nous l’expliquer. On serait aigri pour moins que ça, il ne faut pas s’étonner de voir le gaillard perdre patience et retrouver les pédales de disto de temps en temps. Sans compter les guitares désaccordées et les cris qui sont les marques de fabrique de Modest Mouse depuis 1993.

Parce que oui, le groupe a plus de 15 ans de carrière et 6 albums derrière lui. Et s’il est désormais reconnu comme un des pionniers du mouvement indie-rock aux Etats-Unis, on ne les connait en Europe qu’au travers des singles sautillants Float On et Dashboard. Un paradoxe de plus quand on s’aperçoit que l’essentiel de sa discographie est composé de morceaux cyniques et désabusés.

Where do you move when what you're moving from
Is yourself ?

(Never Ending Math Equation - Building Nothing out of Something, 1999)

I dont know
but I’ve been told
you never die
and you never grow old

(I came as rat – The Moon and Antartica, 2000)

The universe is shaped exactly like the earth
If you go straight long enough you'll end up where you were

(Third Planet – The Moon and Antartica, 2000)

Et effectivement, dans l’univers de Modest Mouse on ne vieillit pas, on ne va nulle part, on revient toujours au même endroit. C’est le prix à payer pour avoir voulu regarder le monde par l’autre bout de la lorgnette.
Du haut d’Epic, en cette année 00, Modest Mouse s’apprête à conquérir le monde, ou du moins à sortir de la cabane de jardin qui lui servait de local de répétition jusqu’à l’excellent The Lonesome Crowded West sorti trois ans plus tôt. Et dès Third Planet on constate que les textes à la fois riches et arides de Brock ont trouvé une production à leur mesure sur The Moon And Antarctica.
Les effets judicieux sur Gravity rides everything ne feront que confirmer le boulot effectué par le producteur Brian Deck.
Premier chef d’œuvre de l’album, Dark Center Of The Universe contient l’essence même de Modest Mouse: un premier couplet chanté les dents serrées, déchainement de batterie et de guitares sur le refrain et ainsi de suite jusqu’à ce que Brock explose:

Well, it took a lot of work to be the ass I am
And I'm really damn sure that anyone can
Equally, easily fuck you over


Autre morceau marquant, Tiny Cities Made Of Ashes est l’occasion d’apprécier la basse entêtante d’Eric Judy sur un titre plus léger, plus funky et plus drôle aussi:

I just got a message that said
«Yeah, hell has frozen over»
I got a phone call from the Lord
Saying, «Hey, boy, get a sweater right now»


Retour aux choses sérieuses avec A Different City (« I want to remember to remember to forget you forgot me ») qui sert d’introduction à un trio de chansons encore plus sombres : The Cold Part, Alone Down There et The Stars Are Projector nous emmènent donc au coeur du cerveau torturé de Brock et des voix qui le peuplent:

Hello how do you do? My name is you

Fermez les yeux. On s’y croirait.
Wild Pack Of Family Dogs se démarque du reste de l’album. D’abord par sa courte durée ensuite par son aspect ballade guitare-accordéon qui n’aurait pas dépareillé sur l’Unplugged in NY de Nirvana… Je vous ai dit que Modest Mouse est lui aussi issu de la pépinière de Seattle?
Paper Thin Walls revient à des métaphores plus terre à terre:

It's been agreed, the whole world stinks
So no one's taking showers anymore


I Came As Rat enfonce le clou aussi bien par ses accords entraînants que par sa production ethérée. On retombe sur Lives un morceau très beau et très calme, quasiment apaisé:

My hell comes from inside, comes from inside myself
Why fight this?
Everyone's afraid of their own lives
If you could be anything you want
I bet you'd be disappointed, am I right?


Mais comme le laisse présager l’avant dernier morceau Life like weeds, Modest Mouse n’en a pas encore fini avec nous:

What's up? Make love?

Et puis toute batterie dehors pour un sprint final:

And the one thing you taught me
About human beings was this:
They ain't made of nothing but water and shit!


Vous l’aurez compris, je suis fan de cet album, du premier au dernier morceau. De ses tournures de phrases à la fois bourrines et intelligentes, de ses guitares foireuses dans un écrin de velours et de tout ce qu’il peut avoir de mélancolique, torturé et tordu.
Alors si cet article peut donner envie à ne fusse qu’un lecteur de se pencher sur ce chef d’œuvre je pourrai dormir sur mes deux oreilles ce soir.

3ème album sur 5
Epic
USA
2000

En écoute sur Grooveshark

2 commentaires:

  1. Mais donc tu as un nouveau blog ? Sinon rien à dire ce disque est excellent.

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  2. Apparemment il n'y a pas que ton blog qui est dans le coma ;-)

    Ta participation serait énormément appréciée, puisque comme tu le vois pour cet article les lecteurs peuvent écrire aussi.

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